ARMAN

Artiste majeur de l’Ecole de Nice et du mouvement des Nouveaux-Réalistes, Arman nait à Nice en 1928 et grandit entouré des objets et trésors divers présentés dans la boutique de son père antiquaire. Il sait dès son enfance qu’il veut être peintre. Il s’inscrit à l’Ecole des Arts décoratifs de Nice puis suit les cours de l’Ecole du Louvre à Paris. De retour à Nice, il fait la connaissance d’Yves Klein et de Claude Pascal au dojo où ils pratiquent le judo. C’est une rencontre fondamentale. Ces trois artistes en herbe, férus de philosophie et de spiritualité, rejettent la peinture traditionnelle et cherchent, chacun par sa voie propre, avec la liberté, l’énergie, l’audace et la fantaisie de leurs 20 ans, à révolutionner le monde de l’art. Ils signent alors un pacte idéaliste par lequel chacun s’approprie une partie du monde : le ciel pour Klein, l’air pour Pascal le poète et la terre et ses richesses pour Arman.  Et ce choix marquera leurs œuvres respectives jusqu’aux dernières. 

Arman, dans un souci de transgresser la peinture, s’intéresse dès lors à l’objet et à sa force intrinsèque, qu’il utilise d’abord comme outil pour laisser une trace, une allure, une empreinte dans un mouvement, une gestuelle influencée par sa pratique martiale. Peu à peu, guidé par sa fascination pour la société de consommation de masse dans laquelle il évolue, Arman fait de cet objet le matériau plastique central de son œuvre et le considère comme le principal témoin d’une époque lui allouant ainsi une signification sociologique forte. Curieux et débordant d’énergie, Arman cherchera toute sa vie à se renouveler tout en restant fidèle à la place centrale qu’il accorde à l’objet et à sa maîtrise gestuelle induite par ses années de pratique des arts martiaux. Poubelles, colères, combustions, accumulations, coupes, cascades, fragmentations… sont autant de gestes par lesquels l'artiste transcende l’objet choisi afin de créer une nouvelle esthétique et un nouveau mode d’appropriation du quotidien tout en lui assurant une pérennité.