Juin

2021








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Exposition

Trois peintres provençaux dans la modernité

Du 30 septembre au 29 octobre 2016, la galerie Alexis Pentcheff propose une exposition exceptionnelle consacrée au trois provençaux René Seyssaud (1867-1952), Louis-Mathieu Verdilhan (1875-1928) et Auguste Chabaud (1882-1955). Plus d'une centaine d'oeuvres ont été sélectionnées à cette occasion et figureront aux cimaises de la galerie, qu'il s'agisse d'huiles sur toiles, sur cartons ou sur panneaux ou bien de travaux sur papier. D'une grande diversité, ces oeuvres font cependant corps, nourrissent un même esprit : celui de la modernité picturale, qui, en ce début du XXème siècle a aussi soufflé sur la Provence et ses artistes.

Ce n’est pas à proprement parler une perception commune aux trois artistes qui nous conduit, plus de soixante ans après leur disparition, à convoquer ensemble René Seyssaud, Louis Mathieu Verdilhan et Auguste Chabaud.

Seyssaud est d’entre eux le plus âgé : huit années séparent sa naissance de celle de Verdilhan tandis que Chabaud est son cadet de quinze ans. Ils ne se fréquentaient donc pas à l’heure où, jeunes rapins, ils éprouvaient leur vocation, dans l’atelier ou sur le motif. Ce n’est qu’ensuite qu’ils connurent l’œuvre de chacun, l’apprécièrent.
A une petite génération d’intervalle, Chabaud suivit comme Seyssaud l’enseignement de Pierre Grivolas à l’Ecole des Beaux-Arts d’Avignon.
A quelques mois près peut-être, Chabaud et Verdilhan se trouvaient au même moment à Paris, mais peu probablement dans les mêmes quartiers…
Chacun a suivi sa propre voie, selon ses inspirations profondes, en entendant parler tout au moins, de loin en loin, des deux autres provençaux.

Chabaud et Seyssaud étaient certes devenus amis, et peignaient quelquefois ensemble, le même motif, mais c’était dans une exaltation commune qui n’excluait  pas que l’un et l’autre conservent sur la toile leur caractère bien trempé.
Indéniablement, certaines affinités transparaissent…
Que Verdilhan peigne des pommiers ou des amandiers en fleurs dans une pâte opulente, et nous percevons, en filigrane, les fruitiers de Saint Chamas au printemps, qui inspirèrent Seyssaud toute sa vie.
Que Chabaud, dans sa période parisienne, nous jette à la face ces couleurs pures et cernées et nous pensons aussitôt au Verdilhan qui, quelques années plus tard, commencera d’aplanir ses surfaces, d’enserrer d’une ligne noire ses acides plans colorés.
Cependant, nous n’avons pas cherché, au travers de cette exposition, à pister des ressemblances, pas plus qu’à démêler les influences que ces œuvres avaient pu exercer les unes sur les autres.

Ce qui nous interpelle tient davantage à la manière dont chacun de ces trois artistes, tout en ancrant profondément son œuvre dans le terroir provençal, a abordé une forme d’expression personnelle tout à fait novatrice, et, en un mot : moderne.

Trois artistes modernes et singuliers

Modernes, ils le sont tous trois dans un habile et singulier langage, insufflé par une expérimentation permanente de la couleur et de la forme. Prodigues, brillants coloristes, ils ont donné vie à de foisonnants univers qui leur ressemblent.

Sur la toile, Seyssaud triture la matière comme avant lui Monticelli, et y apporte une vision de la nature d’une rustique poésie, prolongeant de manière toute personnelle la leçon des paysagistes provençaux.

Verdilhan parvient quant à lui, dans sa courte existence, à élaborer une expression formelle où la quintessence du motif, but avéré de sa quête, se heurte à la fragilité de son issue, ne laissant voir qu’une apparente facilité d’exécution là où l’artiste avait jeté toutes ses forces, les investigations de toute une vie.

Chabaud enfante une œuvre complexe et prolifique, aussi bien graphique que picturale, avec une boulimie qui n’a d’égale que sa spontanéité. Son rapport à la Provence est plus que complexe : elle apparaît comme une égérie castratrice, qui semble dominer l’artiste d’une chape vertueuse et contenir ses plus remarquables débordements, tout en confiant à ses pinceaux la profondeur contrastée de son âme séculaire.

Nos trois artistes transcendent toutefois la particularité du terroir qui nourrit leur œuvre pour toucher à l’universel. Les pieds solidement ancrés dans la terre méridionale, c’est vers l’horizon qu’ils regardent. Tous trois ne se sont d’ailleurs pas privés d’entretenir des liens, étroits plus ou moins, avec la capitale.

L’apport de leurs recherches dépasse amplement les frontières régionales.

La galerie Bernheim-Jeune, dont Félix Fénéon est longtemps le collaborateur influent, ne s’y est pas trompée : des œuvres de Seyssaud y figurent de 1901 à 1910, celles de Verdihan en 1909, de Chabaud en 1912.

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